Swann Arlaud
Les chroniques de JC TOGREGE
Cinéma - Lecture - Musique -
samedi 20 avril 2024
CINE /// ANATOMIE D'UNE CHUTE : une palme d'or 2023 bien méritée !
Swann Arlaud
vendredi 5 avril 2024
CINE : BOLERO
Plus qu'un simple film biographique sur la vie du génial compositeur, c'est aussi l'histoire de la naissance du "Boléro" et surtout celle de la création musicale.
Maurice Ravel entend la musique dans sa tête mais a parfois du mal à la retranscrire, et puis il lui arrive de ne pas trouver l'inspiration comme pour ce ballet que lui a commandé la célèbre danseuse russe, Ida Rubinstein. Et c'est alors la page blanche avec aucune note qui ne vient dessus, ou alors rien qui ne le satisfasse.
Mais l'air de rien, l'inspiration arrive par fragments d'idée, subrepticement. Et puis le doute jusqu'à la création du ballet en 1928 avec la musique du Boléro, œuvre devenue depuis universellement connue et jouée un peu partout.
Autant dire que j'ai trouvé remarquable toute cette partie sur le processus créatif.
La réalisatrice sait nous peindre un personnage introverti, exprimant peu ses sentiments, dont l'histoire d'amour principale est celle qu'il vit avec la musique.
Deux femmes auront un rôle capital dans sa vie : Misia, sa muse jouée par Jeanne Balibar, et Marguerite Long, son amie pianiste interprété par Emmanuelle Devos.
Tout au long du film, nous avons le plaisir d'entendre la musique de Ravel : Pavane pour une infante défunte, la valse, le magnifique concerto pour piano en sol majeur, Alborata del gracioso, etc. Et puis, pour parachever le tout, nous avons droit à une superbe chorégraphie sur le Boléro.
Raphaël Personnaz excelle dans ce rôle où il est totalement crédible y compris dans les scènes d'interprétation, même si pour certaines ce sont les mains d'Alexandre Tharaud que nous voyons à l'écran.
Si le rythme très lent du film peut surprendre au début, l'on se laisse vite séduire par cette façon de faire, emporté par l'interprétation des acteurs, la reconstitution d'époque (certains plans ont été tournés dans la maison de Ravel) et évidemment par la musique du compositeur.
Cinéphilement et musicalement
dimanche 31 mars 2024
CHANGEMENT D'HEURE
CHANGEMENT D'HEURE
Le changement d'heure peut s'avérer dangereux |
Illustration de Jean- Jacques Dumont
vendredi 15 mars 2024
LIVRE /// LA LANGUE DES CHOSES CACHEES de Cécile Coulon
Il donne envie de se plonger dans le nouveau roman de Cécile Coulon.
Dès le prologue, l'on constate comme l'écriture est belle, riche, maîtrisée, le vocabulaire choisi avec soin. C'est beau et fort en même temps, et l'on comprend que ce sera un conte et qu'il sera noir parce que les hommes maltraitent le monde.
L'époque n'est pas précisée, les personnages n'ont pas de nom (c'est Le Fils, L'homme aux épaules rouges, La Mère, La Femme aux yeux verts), le récit est à la lisière du fantastique dans un petit village reculé qui se nomme "Le fond du puits"
Le Fils est ce qu'on peut appeler un guérisseur et c'est la première fois qu'il va "officier" seul sans sa mère qui n'est plus en mesure de voyager. C'est donc particulier pour ce Fils qui se demande s'il va être à la hauteur, s'il va être accepté et savoir décrypter "la langue des choses cachées" pour soulager ceux qui l'ont appelé.
" Cent fois il avait accompagné sa mère quand elle était appelée - il n'y avait pas d'autre manière de le dire, elle était appelée -, quand les hommes ne savaient plus où demander de l'aide. Les hôpitaux étaient trop loin, les médecins absents, les vieux refusaient d'être soignés autrement que par des coupeurs de feu, des guérisseurs, des rebouteux. Les noms qu'on donnait à sa mère, elle s'en accommodait, et quand son fils lui demandait comment elle se définissait, elle répondait : " Nous voyons des choses cachées et il n'y pas de mot pour cela"
Le Fils saura t-il lire les choses cachées dans les silences qui recouvrent les secrets des Hommes ? De ces silences qui agissent sur l'esprit et le corps des gens ? Ces silences, ces secrets difficiles à vivre qui provoquent des maladies incompréhensibles ?
Sa mère lui avait enjoint de ne ne s'occuper que de la personne pour qui il était appelée, en l'occurrence un enfant, mais il ne pourra pas et sera happé par une vieille histoire...
Un roman différent d'une grande force !
Bonne lecture
J-C Togrège
15/03/2024
jeudi 14 mars 2024
LIVRE /// MRS DALLOWAY de Virginia Woolf
Présentée comme une autrice majeure, novatrice et féministe, je m'étais dit qu'il me fallait combler cette lacune.
L'ennui avec les livres mis sur un piédestal, c'est qu'ils font un peu "peur", ce qui est absurde en soi. Libre à chacun d'aimer ou non un livre et peu importe s'il a fait l'objet de louanges dithyrambique par ailleurs.
Toujours est-il que je l'ai abordé avec beaucoup d'attente, tant de lecteurs et lectrices le considérant comme un chef d'œuvre.
Alors ? Alors ?
"Mrs Dalloway" c'est d'abord une écriture qui nous apprend à ralentir notre lecture, étant le contraire des romans où l'action est telle que les pages défilent à toute allure. Cela pour deux raisons : d'abord il n'y a pas d'intrigue (certains pourraient penser qu'il ne s'y passe rien) et puis parce que c'est un style ciselé et riche avec de longues phrases se prêtant bien à la lecture à voix haute.
Paru en 1925, ce livre raconte une journée de Mrs Dalloway, femme d'une cinquantaine d'années de la haute société londonienne qui s'apprête à donner sa soirée mondaine.
Elle va revoir Peter Walsh, rentré des Indes, qu'elle a aimé et qui est resté son ami, repenser à Sally son amie d'enfance.
Il s'agit d'une introspection, d'un dialogue intérieur mêlant le passé et le présent, de sensations, d'états d'âme.
Clarissa (c'est son prénom) a choisi le conformisme en épousant sans passion Richard Dalloway, qui a fait d'elle une femme établie, tout cela étant loin de ce qu'elle pouvait espérer quand elle était jeune. L'on peut dire qu'il y a Clarissa d'un côté (son être profond) et Mrs Dalloway (son être social établi).
Il s'y trouve un autre personnage très intéressant, Septimus, homme profondément marqué par la guerre et qui sombre dans la folie. Cela nous vaut des pages très particulières sur ses visions, sur ce qu'il ressent. Malgré le soutien de son épouse, il sombrera de plus en plus.
C'est indéniablement un livre très bien écrit avec des passages poétiques et qui n'est pas si facile que cela d'accès.
J'y ai vu un peu une analogie dans le style et "l'ambiance" avec Marcel Proust qui fut d'ailleurs son contemporain.
Bonne lecture.
J-C Togrège
14/03/2024
mercredi 6 mars 2024
Parez de poésie la vie
PAREZ DE POESIE LA VIE
Les mots claquent bruts, crus, durs
vendredi 23 février 2024
LA GRENOUILLE QUI NE SAVAIT PAS QU'ELLE ETAIT CUITE de Olivier Clerc
En parcourant les allées d'une médiathèque, je suis tombé sur un ouvrage mis en avant par une bibliothécaire : La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite… et autres leçons de vie d'Olivier Clerc.
C'est un livre composé d'allégories amenées à nous faire réfléchir.
L'auteur nous invite à rester conscients, en éveil, à penser par nous-mêmes à travers sept fables, ma préférée étant celle qui donne le titre au livre et dont voici le texte ci-dessous :
"Imaginez une marmite remplie d'eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l'eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager.
La température commence à grimper. L'eau est chaude. C'est un peu plus que n'apprécie la grenouille, mais elle ne s'affole pas pour autant, surtout que la chaleur tend à la fatiguer et à l'engourdir.
L'eau est vraiment chaude, maintenant. La grenouille commence à trouver cela désagréable mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte, elle s'efforce de s'adapter et ne fait rien.
La température de l'eau va ainsi continuer de monter progressivement, sans changement brusque, jusqu'au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir sans jamais s'être extraite de la marmite.
Plongée d'un coup dans une marmite à 50 degrés, la même grenouille donnerait immédiatement un coup de patte salutaire et se retrouverait dehors."
Dans l'analyse qui suit cette fable, l'auteur alerte sur toutes les transformations nocives qui peuvent se mettre en place au fur et à mesure et auxquelles nous ne prêtons pas attention, car se faisant petit à petit.
C'est vrai pour l'environnement bien sûr avec la situation que l'on connait aujourd'hui, mais aussi pour les relations amoureuses ou amicales, la perte de valeurs dans notre société, etc.
Pour appuyer son propos, Olivier Clerc imagine quelqu'un qui aurait vécu dans les années 80 et qui découvrirait le monde d'aujourd'hui sans la transition des décennies. Ne serait-il pas déboussolé, ceci dit sans parler des transformations technologiques, de tout ce qui nous pousse vers le bas. S'il ne fallait qu'un exemple, prenons celui des émissions de téléréalité où les limites de la vulgarité sont sans arrêt repoussées.
Sans vouloir faire dans le passéisme ou le déclinisme (non, tout n'était pas mieux avant !), force est tout de même de constater que le monde tourne sans doute moins rond.
Différents thèmes sont abordés avec les autres fables : la patience, la persévérance, la construction de l'individu, les épreuves nécessaires, l'éveil de sa conscience, le fait de penser par soi-même, etc.
S'agit-il d'un livre de développement personnel, de philosophie ? Un peu des deux vraisemblablement.
Bonne lecture